éjà la dernière étape ... tant redoutée
mais inéluctable. Nous continuons à progresser dans les paysages
verdoyants de la Louisianne.
n petit épisode plutôt cocasse nous arrive dès le matin
: Philippe a choisi de nous faire passer par des petites routes de
traverse, ce qui est une bonne idée car cela nous permet de traverser
des petits villages très typiques. Malheureusement, la route que nous
suivons est en réfection, et après avoir parcouru une bonne
dizaine de kilomètres sur quelque chose qui ressemble plus à
un chemin qu'à une route, nous arrivons sur le début du chantier
: les ouvriers en sont à poser le sous-bassement de la route, et étalent
une sorte de grava sur une vingtaine de centimètres d'épaisseur.
Une portion d'une centaine de mètres est à la limite du praticable,
mais nous devons passer car sinon c'est demi-tour et nous n'en avons pas
le temps !! Nous faisons descendre nos passagères, et chacun passera
un par un, heureusement sans encombre. Nous en serons quitte pour aller enrichir
à nouveau le propriétaire de la chaîne de nettoyage !!
ous arrivons près du Mississipi dont nous longeons les berges un
certain temps pour atteindre l'une des dernières plantations, vestige
d'une époque révolue à laquelle on cultivait le coton.
Je suis surpris de constater, non pas que l'on ne cultive plus le coton,
mais que l'on cultive par contre le riz : la route traverse en effet quantité
de rizières qui prennent la forme d'immense tapis de verdure. La plantation
est située près du Mississipi, et nous en escaladons les berges
pour découvrir ce fleuve mythique : sa largeur est imposante, tout
autant que les bateaux et barges qui y naviguent.
ous reprenons les motos pour nous diriger vers le «bayou de gauche»,
en français dans le texte (nous sommes en Louisianne). Nous y attend l'une des visites
les plus marquantes du voyage. Nous embarquons sur un «airboat»,
ces bateaux à fond plat propulsés par une hélice aérienne.
Ce dispositif leur permet de naviguer dans ce milieu très particulier
des bayous, mélange d'éléments liquide et végétal,
dans lequel vit une faune inquiétante, à commencer par les
alligators.
Le pilote de l'engin est très touchant : il garde en mémoire
des bribes de français, de moins en moins, et ses enfants, s'il en
a, n'en garderont probablement plus du tout. Il nous confie que, enfant,
il parlait uniquement français, et n'a commencé à parler
anglais qu'à l 'école. Qui a dit que les américains
ne nous étaient pas proches ... Une preuve de plus que le monde n'est
qu'une petite planète. Les frères Badeaux, puisqu'il s'agit
d'eux, gèrent au quotidien ce bayou, l'un des plus immenses de la région.
En tant que visiteurs de marque, nous serons également
accueillis et accompagnés par le propriétaire des lieux, un
homme d'affaires du coin. Ce dernier a fait le déplacement avec
son bras droit (ou garde du corps, étant donné sa corpulence
et son ancien métier, policier). Ce sont tous les deux des bikers,
ce qui explique que l'on ait droit à autant d'égard. Leurs machines
sont béquillées à côté des nôtres,
et, la visite terminée, ils nous proposent naturellement de nous escorter
jusqu'à notre hôtel en plein coeur de New-Orleans.
otre arrivée sur New-Orleans via le grand pont métallique
suspendu qui enjambe le Mississipi restera pour moi un grand moment : escortés
par nos deux nouveaux compères, notre horde de 9 Harley pétaradantes
ne passe pas inaperçue dans la ville. Arrivés dans le quartier
français, la circulation devient chargée et rester groupés
devient difficile dans les petites rues étroites. L'ancien flic nous
sort alors le grand jeu et nous escorte au sens propre du terme en bloquant
les intersections afin de nous faciliter le passage !! J'avais oublié
de préciser qu'il était certes ancien flic, mais de surcroît
flic-motard ... ça aide.
ous arrivons à l'hôtel, situé en plein milieu du quartier
français, à deux pas de Bourbon street, coeur
emblématique de cette ville de folie. Le voyage touche à sa fin
et c'est à regret que nous garons une dernière fois nos montures.
Je relève le compteur : 2876 miles à mon compteur, soit 4531
km si l'on soustrait les 60 miles qu'avait l'Héritage à Los
Angeles.
Un dernier regard à celle qui nous a permis de vivre deux
semaines de rêve, et nous voilà déjà plongés
dans la folie du carnaval : le quartier français grouille de monde,
la musique déborde des bars innombrables, les filles portent des dizaines
de colliers autour du cou (gagnés au fameux «show your
tits»), ... Nous dînons avec les trois autres couples au Court
of Two sisters ... quant aux «célibataires», je
me demande s'ils n'ont pas été acheté des colliers ;-)
e lendemain, beaucoup d'entre nous doivent déjà regagner la
France. D'autres, comme nous, ont planifié de rester un peu plus.
Nous passons la journée à
visiter le quartier français. Nous embarquons à bord du Natchez
pour une petite ballade sur le Mississipi : c'est un bateau magnifique, propulsé
par une roue à aubes, embarcation typique du Mississipi.
e voyage est maintenant définitivement terminé. Aucun incident,
un groupe qui a su tisser des relations amicales, un organisateur hors pair
... le rêve. Nous avons la tête pleine de souvenirs et les
yeux remplis d'images et de paysages. Et nous avons sûrement gagné
de nouveaux amis.
l faut que j'arrête d'aller aux Etats-Unis, sinon je crois que je vais
vraiment devenir accro ...
Quant à la Harley, c'est trop tard : j'y suis déjà !!
